• Description

    La schizophrénie se définit comme une perte de contact avec la réalité.

    C’est une maladie du cerveau qui se manifeste par des perturbations de certaines fonctions mentales. Ce n’est pas une maladie de l’âme, ni un manque de volonté, ni une double personnalité, mais bien un « défaut » de certains circuits neuronaux du cerveau. Il en découle une invalidité, un handicap et, malheureusement, une stigmatisation causée par la méconnaissance de la maladie public.

     

    Symptômes

    Les troubles cognitifs sont souvent les premiers symptômes qui apparaissent et sont précurseurs de la schizophrénie. Ce sont ces troubles qui entraînent les difficultés de socialisation chez une personne atteinte de schizophrénie.

    Troubles d’attention, de concentration, manque de tolérance à l’effort

    La personne atteinte prend du temps à répondre aux questions, à réagir aux situations demandant une réponse rapide. Elle ne réussit plus à conserver une attention soutenue pendant une tâche : elle n’est plus capable de suivre ses cours ou de se concentrer sur un film.

    Troubles de mémoire

    La personne atteinte oublie de faire des tâches de la vie quotidienne (faire ses devoirs, suivre son horaire), a de la difficulté à raconter ce qu’elle lit, à se rappeler ce que les autres disent ou à suivre une conversation. Sa mémoire autobiographique est affectée : elle oublie plusieurs moments de son histoire personnelle. Sa mémoire de travail altérée ne lui permet plus de faire plusieurs tâches en même temps en se souvenant où elle est rendue dans chacune d’elles.

    Troubles des fonctions exécutives

    Les fonctions exécutives sont essentielles à tout comportement dirigé, autonome et adapté, comme préparer un repas. La personne atteinte a de la difficulté à conceptualiser les gestes nécessaires à la réalisation d’une tâche, à anticiper les conséquences : elle manque de planification, d’organisation des séquences d’action pour atteindre un but, elle manque de flexibilité, de discernement, de vérification, elle démontre une capacité d’autocritique limitée.

    Ces troubles cognitifs se présentent en premier, comme des symptômes annonciateurs, mais ils persisteront longtemps après la résorption des symptômes aigus.

    Symptômes dits positifs

    Les symptômes aigus (positifs) se manifestent habituellement au début de l’âge adulte, entre 17 et 23 ans chez les hommes et entre 21 et 27 ans chez les femmes. Ils sont dits « positifs » parce qu’il s’agit de manifestations qui s’ajoutent aux fonctions mentales normales. C’est leur présence qui est anormale.

    • Hallucinations

    Ce sont des perturbations des perceptions le plus souvent auditives (la personne atteinte entend une voix qui fait des commentaires ou profère des insultes, des menaces), mais parfois aussi visuelles, olfactives ou tactiles.

    • Délires

    Ce sont des erreurs de jugement logique, des croyances non fondées dans la réalité. La personne atteinte s’imagine que l’individu qui la regarde dans l’autobus ou qui la croise dans la rue est là pour l’espionner; elle se sent surveillée, persécutée, en danger ou croit que la télévision lui envoie des messages; elle est convaincue d’avoir le pouvoir d’influencer des événements dans le monde, qu’elle est contrôlée par une force ou qu’on peut lire dans ses pensées, etc.

    • Langage incohérent

    La personne atteinte dit des phrases sans suite ou incompréhensibles et invente des mots.

    • Agissements bizarres

    La personne atteinte ferme les stores de la maison par crainte d’être espionnée; elle collectionne des bouteilles d’eau vides; elle se promène nue dans la rue, elle peut démontrer un intérêt inhabituel à l’égard des religions et des sciences occultes, etc.

    • Besoin compulsif d’écrire, utilisation d’une calligraphie semblable à celle d’un enfant et textes incohérents

     

    Symptômes dits négatifs

    Les symptômes déficitaires (négatifs) succèdent habituellement aux symptômes aigus. Ils s’observent par un manque ou une absence de comportements spontanés, attendus. Les symptômes déficitaires sont souvent attribués à tort aux effets de la médication.

    • Isolement, retrait social, indifférence au monde extérieur

    La personne atteinte perd plaisir à ses activités de loisirs. Elle délaisse ses amis, se retire dans sa chambre, devient même irritable si on tente de l’approcher. Elle se coupe peu à peu de la réalité. Il y a détérioration des relations interpersonnelles.

    • Alogie ou difficulté de conversation

    La personne atteinte ne trouve plus ses mots, donne des réponses brèves et évasives et ne réussit plus à communiquer ses idées ou ses émotions. Elle utilise des expressions ou des structures de phrases inhabituelles.

    • Apathie, perte d’énergie

    La personne atteinte passe ses journées devant la télé sans vraiment être capable de suivre ce qui s’y passe, elle néglige son hygiène ou son apparence personnelle et manque de persistance ou d’intérêt pour commencer ou achever des tâches routinières (études, travail, ménage). Cette attitude donne une impression d’insouciance, de négligence, de manque de volonté et de paresse.

    • Diminution de l’expression des émotions

    Le visage de la personne atteinte devient inexpressif, ses inflexions vocales diminuent (elle parle toujours sur le même ton), ses mouvements sont moins spontanés, ses gestes, moins démonstratifs. Le regard est fixe, accompagné d’une absence de clignements des yeux ou, au contraire, de clignements incessants.

    • Dysfonctionnement social ou professionnel

    Tous ces symptômes amènent un dysfonctionnement dans l’hygiène, les études, le travail et les relations interpersonnelles. Certains de ces symptômes et altérations du fonctionnement persisteront, de façon fluctuante, pendant des années.



    Autres symptômes

    • Troubles du sommeil, périodes d’éveil à des heures inhabituelles, confusion entre le jour et la nuit
    • Hyperactivité ou inactivité, ou alternance des deux états
    • Hostilité, méfiance et terreur
    • Réactions exagérées face à la désapprobation de l’entourage et des membres de la famille, et réactions affectives inhabituelles
    • Hypersensibilité au bruit et à la lumière
    • Altération de l’odorat et du goût
    • Automutilation

     

     

    Causes

    Cette maladie ne peut s’expliquer par une cause simple. Certains individus ont ce qu’on appelle une vulnérabilité neurophysiologique, c’est-à-dire une prédisposition à développer la schizophrénie quand des facteurs stressants surviennent dans leur vie.


    Les facteurs stressants de l’environnement

    Fréquemment, les drogues (marijuana, PCP, ecstasy, etc.) sont des facteurs déclencheurs de la schizophrénie. Les émotions fortes (hostilité, critiques, relations humaines intenses et intimes), les tensions sociales, les pressions au travail ou pendant les études, les changements de routine (déménagement, changement d’école, etc.) sont également des situations de stress qui peuvent
    provoquer des rechutes de schizophrénie.


    Le risque génétique

    L’hérédité est un facteur qui accroît le risque à mesure que le bagage génétique augmente. Ainsi, l’enfant naissant voit son risque augmenter de :

    • 5 % s’il a un parent du deuxième degré (oncle, tante, cousin, cousine) qui souffre de schizophrénie;
    • 10 % s’il a un parent du premier degré (père, mère, frère, sœur) qui souffre de schizophrénie;
    • 10 % s’il a un jumeau différent qui souffre de schizophrénie;
    • 40 % s’il est enfant de deux parents schizophrènes;
    • 50 % s’il a un jumeau identique qui souffre de schizophrénie.

    On estime qu’environ 50 % des cas de schizophrénie résultent d’une anomalie des gènes affectant la croissance du cerveau.


    Le développement cérébral

    Cependant, d’autres facteurs, comme une grippe, la prise de drogues ou la famine survenues au cours de la grossesse, peuvent altérer le développement cérébral.

    Plusieurs régions cérébrales sont affectées par la schizophrénie :

    • l’hippocampe –la zone du cerveau qui permet notamment de moduler les émotions et d’emmagasiner la mémoire de travail;
    • les lobes frontaux –constituant le centre de commande des habiletés sociales et de planification, ils fonctionnent au ralenti (hypofrontalité) dans le cerveau d’une personne atteinte;
    • les lobes temporaux – ils sont activés par l’audition, mais aussi par les hallucinations auditives.

    Certains neurotransmetteurs (dopamine, sérotonine, glutamate) qui établissent les connexions entre les cellules nerveuses sont défectueux.

     

     

    Prévenir et soigner

    Cette maladie complexe, qui affecte le patient et perturbe sa famille, nécessite les efforts d’une équipe multidisciplinaire afin d’offrir les modalités thérapeutiques à plusieurs niveaux.

    La pharmacothérapie

    Les antipsychotiques constituent le traitement pharmaceutique moderne. Ces médicaments ont la propriété d’atténuer les symptômes aigus (hallucinations, délires, comportements bizarres, langage incohérent). Les nouveaux antipsychotiques provoquent rarement les tremblements et la sédation qu’on observait avec les anciens médicaments. Par contre, ils entraînent souvent un gain de poids qui peut entraîner des complications telles que le diabète ou une augmentation des lipides.

     

    Un programme de réadaptation

    Le traitement médicamenteux s’accompagne d’une réadaptation (entraînement des habiletés sociales, de communication, de résolution de problèmes, etc.) qui débute pendant l’hospitalisation et qui, par la suite, se prolonge et se diversifie selon le rythme de progression du patient. Un effort commun pour apporter à la personne atteinte de schizophrénie du soutien, des encouragements et de la stimulation graduelle est nécessaire pour l’aider à combattre les symptômes persistants qui la handicapent et minent sa motivation. On aidera la personne à participer régulièrement à son programme de réadaptation afin d’apprendre à s’occuper d’elle-même et à reprendre des occupations valorisantes au travail ou ses études.

     

    La thérapie psychoéducative

    Il est indispensable d’offrir au patient et à sa famille de l’information actuelle à propos de la maladie, de son évolution et de ses traitements. Il faut apprendre à porter attention aux symptômes annonciateurs de rechute et éviter les stress (drogues, émotions fortes, etc.) qui peuvent aggraver la maladie. Il faut découvrir un nouveau style de vie qui permettra au patient de devenir le plus fonctionnel possible en protégeant sa vulnérabilité, en surmontant ses handicaps et en offrant du soutien à sa famille.

     

    Le soutien social

    Souvent dépourvus devant des situations nouvelles ou complexes, les patients auront besoin d’une aide pour résoudre des problèmes de la vie quotidienne (logement, alimentation, socialisation, travail). Il ne s’agit pas là d’un besoin de dépendance, mais plutôt d’assistance pour planifier et réaliser des activités qui s’inscrivent dans une routine quotidienne.


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique