• Bipolaire ou maniaco-dépression

    Description

    Les variations de l’humeur constituent le lot de tout individu. Sous l’influence de facteurs situationnels (pertes affectives, variations de la température, variations saisonnières, gains ou pertes d’argent, promotion ou démotion, etc.), l’humeur peut varier au cours d’une même journée, des saisons, des années.

    Chez l’individu ordinaire, ces variations de l’humeur sont en proportion avec l’événement en cause et se régularisent en peu de temps, alors que chez l’individu atteint de maladie affective bipolaire, les variations de l’humeur sont hors de proportion avec les événements. Elles atteignent une intensité telle que l’individu ne se rend plus compte que son humeur exubérante ou que sa colère dépassent les bornes, ou encore sa dépression est telle qu’il en est paralysé et hanté par des idées suicidaires.

    Ce déséquilibre amène des problèmes au travail, avec la famille et les amis, des problèmes financiers et judiciaires. Il peut conduire au suicide, à une faillite, à l’hospitalisation ou à l’emprisonnement.

    Dans le processus du diagnostic de cette maladie, il est important de ne pas tenir compte seulement de l’état clinique au moment de la consultation, mais de procéder à un historique des états antérieurs (histoire longitudinale) et à une histoire génétique : recherche de phénomènes semblables chez les collatéraux (frères et sœurs) et les ascendants (parents, frères et sœurs des parents).

     

    Symptômes

    Classiquement, la maladie compte une phase dite dépressive (bas) et une phase dite maniaque (haut) d’où l’expression maniaco-dépressive ou affective bipolaire. Il faut se rappeler cependant qu’il y a une phase « normale » où le fonctionnement de l’individu est relativement adéquat. Chez certains individus, atteints de cette maladie, on retrouve des phases dites mixtes où il y a un mélange des deux phases.

     

    Phase dépressive

    Voir Dépression 

     

          Phase maniaque

    La phase maniaque est l’envers de la phase dépressive. Elle est caractérisée par :

    • une exaltation de l’humeur;
    • une accélération du processus de la pensée;
    • une hyperactivité motrice.
    • Exaltation de l’humeur

    L’humeur du maniaque est exubérante, exaltée. Il ne s’agit pas là de la vitalité et de l’optimisme que l’on retrouve chez les gens entreprenants.

    Il a une extrême confiance dans ses pouvoirs et son charme, il est convaincu et convaincant, il ne permet aucune critique, devenant même facilement irrité et colérique. Sur le plan affectif, il a des aventures pour le plaisir de plaire, de connaître le changement, sans penser aux conséquences possibles. Il a une absence totale d’inhibition et de tact, ce qui peut amener des conséquences fâcheuses sur le plan familial, au travail, etc.

    • Accélération du processus de la pensée

    La pensée du maniaque est rapide, accélérée. Les pensées se bousculent au point que le flot verbal ne peut suivre le rythme et il passe d’un sujet à l’autre, fait du coq-à-l’âne; il parle et parle sans arrêt, même si son auditoire n’écoute pas.

    Comme l’écriture prend encore plus de temps que la parole, ses écrits peuvent être tout à fait incohérents, même pour lui.

    •  Hyperactivité motrice 

    Le maniaque est toujours en mouvement. Il entreprend plusieurs projets en même temps dans lesquels il s’est engagé sans prendre le temps d’en examiner les détails afin d’en vérifier la validité : son jugement est perturbé; son activité sexuelle s’accroît et va dans toutes les directions. Il ne connaît pas de limites à ses forces, ne prend pas le temps de manger, ne se sent jamais fatigué et a trop de choses à faire pour penser à dormir. Il peut également dépenser de façon excessive et jouer compulsivement.

    Si son entourage essaie de le calmer ou de lui conseiller du repos, il devient irritable et considère que ce sont les autres qui sont malades. Il dérange son entourage, souvent la nuit en raison de ses insomnies et de son activité excessive.

    Le patient en phase maniaque peut devenir méfiant, considérer que son entourage en veut à ses biens et à sa personne. Ses projets grandioses peuvent être accompagnés de méfiance, de propos paranoïdes, c'est-à-dire qu'il se sent persécuté, menacé.

    Cette facette paranoïde peut être, à un moment donné, le symptôme principal, ce qui peut induire en erreur l’examinateur qui pensera à une psychose paranoïde ou à une schizophrénie paranoïde et conduira la personne malade à un traitement qui n’est pas le bon.

     

     Phase mixte 

    Alors qu’habituellement les phases dépressives, les phases maniaques et les phases dites normales, ou euthymiques, se suivent (ce qu’on appellera « un cycle »), il arrive que des symptômes dépressifs soient enchevêtrés à des symptômes maniaques : on parle alors de forme mixte. Le malade présentera par exemple :

    • un affect triste;
    • une accélération du processus de la pensée et un ralentissement moteur.

     

        Les cycles rapides    

    On note généralement qu’un cycle est constitué par une phase maniaque, une phase dépressive et une phase euthymique, c'est-à-dire, d'humeur stable et normale.

    Quand il survient plus de quatre cycles dans une année chez un individu, on considère qu’il a des cycles rapides.

    Il peut arriver que le même malade présente plusieurs périodes maniaques et dépressives au cours de la même journée. Les périodes de dépression s’échelonnent en moyenne sur dix mois alors que les phases de manie, caractérisée par une grande excitation, durent de trois à six mois.

     

    Causes

    Il est de plus en plus évident que cette maladie n’est pas acquise au cours d’expériences vécues. Elle est transmise génétiquement, ce qui explique l’incidence plus élevée du trouble bipolaire dans une même famille. Alors que le trouble touche 1 % des adultes, l’incidence augmente à 15 % dans une même famille.

    On connaît aussi l’influence du stress sur le cerveau et l’accumulation de stress lié à des problèmes existentiels, qui peuvent déclencher un épisode dépressif aussi bien qu’un épisode maniaque.

    Depuis quelques années, on redécouvre l’influence des facteurs saisonniers et du rayonnement solaire dans l’éclosion des troubles de l’humeur :

    • la manie étant plus fréquente au cœur de l’été et à l’automne;
    • la dépression prédominant pendant l’hiver.

    Certains auteurs considèrent que les troubles de comportements (tels l’hyperactivité, l’anorexie, la boulimie, l’alcoolisme, les toxicomanies et certaines phobies) sont des manifestations précoces d’une maladie affective bipolaire.

    Certains chercheurs avancent que la phase de manie chez la personne souffrant de trouble bipolaire pourrait être une réaction antidépressive développée par la personne.

     

    Prévenir et soigner

    Le traitement de base de la maladie affective bipolaire est le lithium, un sel qui a la propriété de stabiliser l’humeur. On a utilisé, jusqu’à il y a quelques années, les antidépresseurs tricycliques (TCA) et les inhibiteurs de la monoamine oxydase (IMAO) pour combattre l’état dépressif.

    On s’est rendu compte que les antidépresseurs administrés seuls provoquent rapidement l’apparition d’un état maniaque chez l’individu porteur de la maladie bipolaire. Les antidépresseurs ajoutés à un traitement au lithium contribuent à créer des cycles rapides ou des états mixtes.

    On considère actuellement des phases dépressives en cours de traitement au lithium comme des hypothyroïdies (vraies ou frustres) et on préconise des faibles doses d’extraits thyroïdiens (L. thyroxine).

    De même, dans les cas de cycles rapides et d’états mixtes créés par l’administration d’antidépresseurs, des extraits thyroïdiens sont recommandés à doses progressivement élevées.

    On a aussi préconisé l’utilisation des neuroleptiques (aussi appelés « tranquillisants majeurs ») dans les états maniaques. Mentionnons que les porteurs de cette maladie sont très sensibles aux neuroleptiques et présentent des effets secondaires particulièrement marqués. Actuellement, on fait plutôt appel aux anticonvulsivants :

    • clonazepam;

    • carbamazépine;

    • acide valproïque.

    Des essais intéressants se poursuivent avec le tryptophane, un acide aminé, qui permettrait de diminuer la dose totale de lithium et de réduire ainsi les risques associés aux doses élevées de lithium.

    Combinée au traitement biologique, la psychothérapie permet à la personne atteinte d'entreprendre une démarche sur le plan psychologique.

    Pendant la crise, le psychothérapeute utilise une approche comportementale qui permettra de limiter les agissements inappropriés chez la personne atteinte en :

    • lui offrant du soutien et des renseignements;

    • organisant des rencontres avec sa famille;

    • l'impliquant dans le processus d'acceptation de sa maladie.

    Après la période de crise, la personne atteinte du trouble bipolaire peut :

    • entreprendre une thérapie plus en profondeur;

    • commencer une démarche thérapeutique qui nécessite la participation des proches;

    • participer, avec ou sans ses proches, à des groupes de soutien et d'entraide.

     

     

          

     

     

     

     

     

     


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